D’un côté une boum avec sound-système, lightshow et fumigènes, et de l’autre côté, l’ambiance feutrée de petites tables éclairées de bougies, et une scène où se sont succédé la chorale du collège, des élèves pour des lectures de contes, l’atelier-théâtre, l’atelier de chant "l’Allée des cerises", un professeur venu jouer quelques classiques du rock. Enfin, le professeur d’éducation musicale, animateur de la chorale et coordinateur de la soirée, a clos la soirée avec son groupe, venu jouer bénévolement, pour une prestation de haute volée.
Un premier bilan plus que valorisant !
"Depuis le début de l’année scolaire, l’évolution des enfants est remarquable, tant dans l’éveil, l’autonomie et la socialisation, qu’au niveau des apprentissages", nous a confié Émilie Henry, professeure des écoles recrutée spécifiquement pour la classe passerelle.
Les enfants et leur entrée dans les apprentissages
C’est une classe un peu particulière, ni une crèche, ni une maternelle, entre les deux, y compris géographiquement. Elle accueille des enfants âgés de 2 à 3 ans, l’accueil pouvant se faire tout au long de l’année et ce dès leur second anniversaire.
Sur les douze tout-petits inscrits à la rentrée 2017, dix l’ont fréquentée de façon régulière à raison de quatre demi-journées par semaine, les lundi, mardi, jeudi et vendredi matin, passant le reste de la journée soit à la crèche, soit chez une nourrice ou chez leurs parents.
Deux professionnelles, une enseignante et une auxiliaire puéricultrice de la petite enfance en l’occurrence Émilie Henry et Julie Soustelle respectivement, encadrent le groupe d’enfants en binôme, chacune dans son domaine de compétences.
Le projet éducatif mis en place est spécifique et la démarche est avant tout personnalisée, individualisée, adaptée à chaque enfant. Les activités sont axées sur l’éveil sensoriel et moteur, la participation à la vie de la classe et le "vivre ensemble", la découverte de l’écrit, de la numération et des formes et des grandeurs, et sur le langage bien évidemment à partir duquel tout s’articule et se construit. "En début d’année, ces activités prennent la forme de pôles d’attraction qui permettent des apprentissages incidents. Par la suite, les enfants sont amenés à participer à des ateliers de plus en plus didactisés. L’aménagement de la classe, spécifique et évolutif, est pensé pour s’adapter aux besoins des moins de trois ans ".
Le lien avec l’école maternelle
La localisation de proximité entre les trois structures de la petite enfance, crèche - classe passerelle - école maternelle - situées à quelques pas l’une de l’autre, n’est pas fortuite. Les moments partagés et les espaces communs auxquels les enfants se sont familiarisés vont à coup sûr faciliter leur prochaine rentrée en petite section de maternelle. Y compris pour leurs parents !
Tout au long de l’année, chaque semaine, ce sont en effet des rencontres autour de lectures d’albums, d’ateliers, de temps forts de l’école, au moment de la récréation ou lors de sorties comme ce fut le cas en fin d’année.
La relation avec les familles
"L’adaptation a certes été progressive" précise Émilie Henry, l’enseignante. Mais de manière générale, elle a pu observer une "évolution très nette des bonnes relations avec les parents qui ont eux aussi fait leurs premiers pas" d’une certaine façon. Ils sont semble-t-il plus enclins à faire confiance pour échanger, se confier, poser des questions sur l’école et son fonctionnement. Les parents qui ont expérimenté la classe passerelle viennent plus volontiers, sont davantage présents dans l’école maternelle.
La possibilité pour eux de "s’attarder dans la classe passerelle" au moment de l’accueil et de participer à différents temps de classe y a sans doute contribué. De même pour les cafés des parents inscrits dans le projet éducatif et destinés à soutenir les parents dans l’exercice de leur fonction parentale où leur participation est engageante.
Qu’est-ce que la "classe passerelle" ?
Un partenariat fort
Prévu dans la loi de refondation de l’école de juillet 2013, la classe passerelle a pu voir le jour grâce à la volonté forte de tous les partenaires sur la base d’une convention et chacun dans leur domaine d’intervention :
l’éducation nationale pour l’implantation du poste d’enseignante
la ville d’Ornans bien sûr pour la mise à disposition des locaux dans la Maison des services et la complicité de la crèche municipale
le syndicat scolaire de la communauté de communes Loue Lison pour l’aménagement et la mise à disposition des locaux
le service de la protection maternelle infantile du Département du Doubs chargée d’identifier les élèves susceptibles de bénéficier du dispositif
la caisse d’allocations familiales (CAF)
La finalité
Il s’agit d’une structure d’accueil pour de très jeunes enfants de moins de trois ans à la rentrée scolaire proposée aux parents habitant la commune d’Ornans ou des communes de la vallée de la Loue. Un des objectifs, pour reprendre les termes de la convention, est de rendre l’école plus accessible aux familles qui en sont éloignées, favoriser leur mobilité, notamment vers l’emploi, leur donner la possibilité de changer leur mode de vie.
Cette première "classe passerelle" est conçue comme une transition entre la crèche et l’école maternelle afin de créer les conditions d’une 1ère socialisation, permettre de démarrer une scolarisation dans les meilleures conditions, anticiper d’éventuelles difficultés (problème de vue, de langage…), de rendre possible la réussite de chacun des enfants, en somme de "préparer les enfants à devenir élèves".
Pour aller plus loin
La scolarisation des enfants de moins de trois ans
Programme d’enseignement de l’école maternelle
La refondation de l’École de la République
Certains ont joué les prolongations au début du mois de juillet, d’autres anticipent la rentrée en cette fin de mois d’août, plusieurs auront participé aux deux sessions de l’École ouverte pendant les vacances d’été.
Des projets pour apprendre autrement
Le dispositif est destiné aux des jeunes du collège du secteur, du quartier, des enfants du primaire qui n’ont jamais l’occasion de partir en vacances. Ils relèvent de l’éducation prioritaire, de la politique de la ville ou de zone géographique de "grande ruralité". Les enfants et adolescents qui sont inscrits sont tous volontaires.
Les établissements participant au dispositif les accueillent dans les différents ateliers proposés.
À côté des activités de découverte et sorties culturelles (ateliers mixité-égalité, photo ou numérique, cinéma, visites de musée ou découverte du patrimoine local …), pratiques sportives (vélo, danse, sports collectifs …) ou ateliers autour des valeurs communes (exercice de la citoyenneté, autour du règlement intérieur, par exemple), l’accueil des élèves qui vont entrer au collège et la préparation de la rentrée occupent une place de choix dans les projets éducatifs.
Après appel à projets, neuf établissements (treize dans l’académie) ont reçu un financement pour leur projet éducatif retenu par le groupe de pilotage pour être conformes aux critères nationaux. Quatre collèges relèvent d’un réseau en éducation prioritaire (trois en REP+ et un en REP). Deux nouveaux collèges par rapport à 2017 sont entrés dans le dispositif.
collège Diderot à Besançon (REP+)
collège Stendhal à Besançon,
collège Anatole France à Béthoncourt (REP+)
collège Lou Blazer à Montbéliard (REP+)
collège La source à Mouthe (nouveau projet)
collège Pierre Vernier à Ornans
collège André Malraux à Pontarlier
collège Les Hautes vignes à Seloncourt (REP)
collège Les Villanelles à Rougemont
Chaque projet a été élaboré dans le cadre de la politique de l’établissement par une équipe volontaire soudée autour du chef d’établissement, condition sine qua non ! Les personnels du collège (enseignants, personnels administratifs, techniciens ou de santé) et divers intervenants sont sollicités. Les parents y sont également associés.
Depuis 1991 que le dispositif interministériel fonctionne, l’expérience montre et les témoignages sont là que ces "vacances" d’une autre nature continuent d’obtenir un satisfecit des élèves et des familles. Certes le dispositif est toujours perfectible mais les bilans annuels successifs font apparaître les effets positifs escomptés sur le comportement des élèves, sur les relations avec les familles, entre les élèves (filles et garçons), avec les adultes, entre l’école et le collège, sur l’ouverture de l’école sur le quartier et en faveur de l’accès à la culture, ainsi que sur les résultats aux examens.
L’objectif de l’École ouverte est en effet d’améliorer l’intégration et la socialisation des jeunes, et au-delà, prévenir l’absentéisme, le décrochage, le risque de marginalisation, voire de la violence, au final, favoriser l’égalité des chances et de réussite.
Si l’éducation nationale occupe une place centrale, l’opération est intégrée dans l’ensemble des actions menées au niveau d’un quartier ou d’une ville (politique de la ville…). Elle repose donc sur une bonne articulation des ressources locales.
Pour en savoir plus
Dispositif École ouverte - MEN
Circulaire publiée au BO n°5 du 30 janvier 2003 relative au dispositif
Circulaire du 1er mars 2017 relative à l’appel à projets